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Modèle cognitif du développement de traits de personnalité inadaptés (3)

Qu'est-ce que les pensées automatiques et les schémas cognitifs?

Le concept de "pensée automatique" est un important concept de l'approche cognitive en psychologie. Les pensées automatiques sont des interprétations des expériences vécues. Elles sont les paroles spontanées que l'on se dit à soi-même sur ce que l'on vit. Ce sont des pensées observables, que l'on peut saisir au vol mais qui passent souvent inaperçues.

Les pensées automatiques reposent sur des "schémas cognitifs" et elles déterminent pour une grande part les émotions.

Les "schémas cognitifs" sont des connaissances élaborées à partir de l'expérience. Elles constituent des croyances de base concernant des aspects importants de l'adaptation (ex.: "le monde est relativement sécuritaire", "je ne peux faire confiance en personne", "je suis talentueux", "je ne peux me débrouiller seul").

Les schémas cognitifs guident l'interprétation des nouvelles situations, interprétations qui sont souvent accessibles par l'observation des pensées automatiques. Ces interprétations sont souvent biaisées selon les schémas cognitifs de façon qu'elles renforcent ces derniers.

L'observation, la conscientisation et la remise en question de pensées automatiques et de schémas cognitifs peuvent être la clé pour surmonter des affects dépressifs et anxieux ainsi que des traits de personnalité inadaptés.

Dépression, colère: analyser ses émotions ou se distraire?

Lorsque déprimé ou submergé par des émotions négatives, est-il préférable d'analyser les émotions pour mieux les comprendre ou simplement oublier et aller de l'avant? Analyser les émotions est censé faciliter l'adaptation, mais tenter de comprendre les sentiments douloureux perpétue et renforce souvent les humeurs et les émotions négatives.

Selon les psychologues Ethan Kross de l'Université du Michigan et Ozlem Ayduk de l'Université de Californie à Berkeley, la meilleure solution n'est pas la distraction ou l'oubli mais l'analyse des sentiments avec une perspective de distance psychologique.

Ils ont mené quelques recherches expérimentales qui tendent à supporter ce point de vue. Dans l'une de celles-ci, dont les résultats sont publiés dans la revue Personality and Social Psychology Bulletin, ils ont assigné au hasard 141 étudiants dans 3 groupes. Les participants devaient se rappeler une expérience qui les avaient fait se sentir submergés par la tristesse et la dépression.

Un groupe "immersion" devait revivre la situation comme si elle se produisait à nouveau et essayer de comprendre les émotions qui survenaient. Un groupe "analyse avec distance" devait se rappeler l'expérience, prendre quelques pas de distance et essayer de comprendre les émotions que ressentait le moi distant. Enfin un troisième groupe "distraction" devait faire suivre le rappel de l'événement par des sujets de pensée non émotifs et non reliés.

Immédiatement après la session, ceux qui avaient utilisé l'analyse avec distance et la distraction rapportaient des niveaux moins élevés de dépression. Ces deux méthodes s'avéraient également efficaces pour composer avec les émotions dans le court terme.

Un jour ou une semaine plus tard cependant, alors que les participants devaient se rappeler à nouveau le triste événement, ceux qui avaient utilisé l'analyse avec distance continuaient à présenter des niveaux plus bas de dépression ce qui n'était pas le cas de ceux qui avaient utilisé la distraction. L'analyse avec distance aiderait ainsi non seulement à s'adapter dans le court terme mais aussi à plus long terme.

Dans une étude reliée, publiée plus tôt cette année dans la revue Psychological Science, les chercheurs avaient montré que les participants qui adoptaient une perspective de distance en analysant des émotions de colère liées à un événement présentaient de plus faibles augmentations de pression sanguine que ceux utilisant une approche d'immersion.

Dans ses recherches futures, Kross prévoit étudier si l'auto-distance est aidante pour composer avec d'autres types d'émotions, incluant l'anxiété, et quelles sont les meilleures façons d'enseigner à l'utiliser lorsque les événements de la vie se produisent.

L'espoir aide à combattre la dépression. Comment le développer?

L'espoir permet de prévenir ou de surmonter la dépression et, qui plus est, il est possible d'apprendre à le développer selon les recherches des psychologues Jennifer Cheavens et Laura Dreer présentées au congrès annuel de l'American Psychological Association.

Pour mesurer l'espoir, ces chercheurs utilisent un test développé par C. Richard Snyder, selon lequel l'espoir est constitué de deux composantes:

- un chemin ou une façon pour atteindre un objectif désiré et,

- la motivation et la force pour suivre ce chemin.

L'espoir ainsi défini est différent de l'optimisme, qui est une attente généralisée que de bonnes choses vont se produire. L'espoir implique d'avoir des buts ainsi que le désir et un plan pour les atteindre.

Une recherche, qu'elles ont mené avec des personnes prenant soin d'un personne proche ayant reçu un diagnostic de dégénérescence maculaire ou d'une autre maladie susceptible d'amener une perte de la vue, confirme le potentiel de l'espoir comme moyen de combattre la dépression.

Comme prévu, les personnes qui prenaient soin d'une personne elle-même dépressive avaient plus de symptômes de dépression. Mais celles qui avaient le plus d'espoir avaient moins de symptômes dépressifs et étaient plus satisfaites de leur vie même si la personne malade était dépressive.

Dans une autre recherche, publiée dans le journal Social Indicators Research, Cheavens et ses collègues ont testé une psychothérapie basée sur l'espoir chez 32 personnes qui n'étaient pas en dépression mais se sentaient insatisfaites de où elles en étaient dans la vie.

"La thérapie basée sur l'espoir vise à construire à partir des points forts d'une personne et à enseigner comment développer ces forces. Elle est centrée, non pas sur ce qui ne va pas, mais sur les moyens d'aider la personne à vivre à la hauteur de son potentiel", explique Cheavens.

Au cours de 8 sessions de groupe de 2 heures, les participants recevaient un enseignement sur les habiletés liées à l'espoir, telles que se fixer des buts, prendre les moyens de les atteindre et se motiver. La participation à ces rencontres a amené une réduction des symptômes dépressifs comparativement au groupe de comparaison n'y ayant pas participé.

Des exercices simples aident à augmenter le bonheur et diminuer la dépression.

En psychologie scientifique, on croyait jusqu'à récemment, explique Martin Seligman, figure importante du courant de la psychologie positive, que les exercices et approches pour améliorer le niveau de bonheur de façon durable étaient inefficaces. On croyait en un niveau de bonheur prédéterminé par les gènes et l'éducation qui pouvait varier légèrement mais avait toujours tendance à revenir au niveau déterminé.

Cette dernière vision expliquerait pourquoi les gagnants à la loterie reviennent éventuellement à leur disposition antérieure par rapport à l'argent par exemple et que les gens devenant paraplégiques reviennent aussi éventuellement à peu près au même niveau de bonheur qu'ils avaient avant leur accident.

Les exercices suggérés pour augmenter le bonheur de façon durable abondent toutefois. Seligman et ses collègues en ont recensé plus d'une centaine.

Ils ont testé rigoureusement plusieurs de ces exercices auprès d'étudiants et de psychothérapeutes les utilisant auprès de leurs clients afin de vérifier si certains d'entre eux augmentaient vraiment le bonheur.

Étant donnés les témoignages encourageants de soulagement durable de la dépression et de bien-être amélioré, les chercheurs ont entrepris une étape de vérification selon les normes scientifiques. Pour ce, les participants sont assignés au hasard à un groupe mettant en pratique des exercices ou à un groupe contrôle recevant un traitement placebo afin de comparer les résultats.

Environ 500 personnes ont participé à une expérience qui consistait simplement, après une batterie de tests, en une semaine d'exercices supervisés à partir du web (aucune intervention humaine). Les gens étaient retestés répétitivement concernant leur bien-être durant les six mois suivants.

Trois exercices étaient testés:

- écrire trois choses qui ont bien été dans la journée et pourquoi, remarquer sa propre contribution à ce qui a bien été

- écrire un témoignage de gratitude et le remettre personnellement

- utiliser ses plus grandes forces personnelles de façon nouvelle afin de passer des moments agréables (un test permettait aux participants d'identifier leurs forces personnelles)

Les recherches se poursuivent pour tester d'autres exercices.

Une recherche a vérifié l'effet du premier exercice (identifier trois choses ayant bien été dans la journée) auprès de personnes sévèrement déprimées. Après 15 jours seulement, 92% se disaient plus heureuses, avec une moyenne de diminution de 50% des symptômes de dépression. Ce qui se compare avantageusement, précise le chercheur, avec la psychothérapie et la médication.

D'autres expériences, comparant l'effet des antidépresseurs, de la psychothérapie et de la psychologie positive comme traitement de la dépression confirmeraient les avantages de cette dernière approche.

Dans l'ensemble, résume le chercheur, il y a de bonnes évidences que plusieurs exercices augmentent le bonheur et diminuent la dépression. La théorie selon laquelle chacun a un niveau de bonheur déterminé s'avère fausse, estime-t-il.

Concernant l'impact des exercices sur les personnes en dépression, la psychothérapie est traditionnellement, commente le chercheur, un endroit pour parler de ses difficultés. La psychothérapie du futur, dit-il, pourrait aussi être un endroit pour parler des émotions positives, des forces et des façons de construire davantage de sens dans sa vie.

Miser sur ses points forts pour être plus heureux

Selon les recherches des psychologues C. Peterson et M. Seligman, les traits de personnalité qui constituent les principales forces d'une personne sont ceux qui lui permettent le plus d'être heureuse. Ils ont mis au point un test pour mesurer les principales forces d'une personne. La liste des traits mesurés comprend 24 attributs qui sont valorisés à travers l'histoire et les cultures selon les recherches des spécialistes de la psychologie positive.

Il ressort des premières analyses de ces données que les gens dont les cinq principales forces sont la curiosité, l'entrain, la gratitude, l'espoir et la capacité d'aimer et d'être aimé sont ceux qui obtiennet les résultats les plus élevés dans des mesures de satisfaction dans la vie.

Les forces les plus fréquentes selon la recherche sont la curiosité, le sens de la justice, l'amour, l'ouverture d'esprit et l'appréciation de la beauté. Les forces les moins fréquentes sont celles appartenant à la catégorie de la tempérence (qui se définit comme étant la modération dans tous les plaisirs des sens) telles que la modestie, la prudence et le contrôle de soi.

Cent dix mille personnes ont rempli le test en ligne. Les 24 traits de caractères mesurés appartenaient aux catégories suivantes: sagesse et connaissance, courage, humanisme et amour, sens de la justice, tempérance et transcendance.

Seligman explique qu'il est important de programmer des moments agréables en utilisant ses forces et ses talents. Si le trait dominant d'une personne est l'amour de l'apprentissage et la curiosité, un bon moment pour elle peut être une visite à un musée ou quelques heures avec un bon livre. Si sa principale force est la capacité d'aimer, elle pourrait plutôt choisir de passer une soirée avec des amis ou inviter la famille à souper.

Les personnes pessimistes ont plus de difficulté à voir le verre à demi plein, ce qui peut diminuer leur satisfaction et les amener à se centrer sur leurs malchances et ennuis. Seligman suggère de cultiver la gratitude qui, selon les recherches, contribue à augmenter la satisfaction dans la vie. Il conseille un exercice consistant à noter chaque jour trois bonnes choses qui se sont produites dans la journée et pour chacune, se demander quelle est sa contribution pour que cela se produise. Éventuellement, explique-t-il, il deviendra plus facile de voir le beau côté de la vie et il deviendra plus difficile de sous-estimer sa propre contribution aux événements.

Pour rompre le cycle du pessimisme, il recommande remettre en question l'objectivité des pensées automatiques qui surviennent dans les situations difficiles.

Faible estime de soi et perception biaisée de l'amour du partenaire

Les gens ayant une faible estime de soi ont tendance à percevoir, à tort, que l'acceptation et l'amour de leur partenaire varient en fonction de leurs succès et échecs professionnels selon une recherche publiée dans le Personality and Social Psychology Bulletin.

Se sentant moins valorisés en général, la confiance dans l'acceptation inconditionnelle du partenaire est particulièrement importante pour les gens qui ont une faible estime de soi, expliquent les auteurs.

Ils ont tendance à interagir sur un mode d'autoprotection, s'autorisant à se sentir en connection avec leur partenaire seulement s'ils se sentent acceptés et valorisés.

Une difficulté est que, liant le succès et l'échec à leur valeur personnelle, ils s'attendent à l'appréciation et l'acceptation en cas de réussites et à la dépréciation et au rejet en cas d'échecs. Ils sont particulièrement susceptibles d'interpréter de façon biaisée les réactions de leur partenaire à la lumière de ces attentes. La perception d'une dépréciation peut souvent enclencher un engrenage négatif dans les interactions du couple.

Sandra L. Murray et ses collègues, ont analysé les notes quotidiennes de 154 couples rapportant leurs succès et échecs professionnels et le niveau d'acceptance, de support et d'amour qu'il ressentait de la part de leur partenaire.

L'estime de soi s'est avérée être en relation importante avec la perception de l'appréciation et du support du conjoint dans le quotidien. Les hommes et les femmes avec une faible estime de soi sentaient l'amour de leur conjoint conditionnel à leur succès professionnel quotidien. Ils se sentaient mieux aimés les jours où ils avaient du succès. Les femmes avec une basse estime se sentaient moins aimées les jours où elles avaient des échecs au travail. Au contraire les gens avec une bonne estime sentaient l'amour inconditionnel. En fait les femmes avec une bonne estime se sentaient même mieux aimées les jours où elles rapportaient des échecs au travail.

Selon les chercheurs, ces résultats suggèrent l'importance pour les gens avec une faible estime de soi de réaliser comment les événements dans leur propre vie peuvent irrationnellement envahir leur relation de couple, les amenant à voir leur partenaire plus négativement que ce que justifient les faits.

Source : psychomedia



25/10/2008
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