Lumières ...

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Couple comment discuter sans se disputer


Laurence Lemoine pour psychologie.com

Comment discuter sans se disputer ...

Quel que soit le sujet abordé, ce qui rend un dialogue difficile est moins ce qui a été dit que ce qui ne l'a pas été. Sans le savoir, on mène toujours trois conversations en une, démontrent trois coaches américains. Décryptage.
 

Tu as une minute ? Il faut que je te parle… " Pas évident de dire à l'autre ce que l'on a sur le cœur, de régler ses comptes avec un proche, d'annoncer une rupture amoureuse ou un licenciement. Vous craignez que votre interlocuteur ne se méprenne sur vos intentions, vous redoutez son chagrin, sa colère, vous tremblez à l'idée de perdre son affection. Avec tact, vous vous lancez : " Ce que j'ai à te dire n'est pas facile. " Malgré vos précautions, le malaise s'installe, votre interlocuteur claque la porte et vous demeurez les bras ballants, partagé entre la culpabilité et l'agacement.

Comment éviter les pièges de l'incommunicabilité ? C'est ce que nous expliquent, dans un ouvrage paru aux Etats-Unis, Douglas Stone, Bruce Patton et Sheila Heen, de l'université de Harvard. Pour ces trois coaches, une certitude : ce qui rend une conversation difficile est moins ce qui a été dit que ce qui ne l'a pas été. Derrière leur apparente diversité, notent-ils, les conversations difficiles reposent toutes sur la même structure. Explicitement, on discute de la garde d'un enfant, d'un dossier en retard ou des manies de la belle-mère. Implicitement, on mène toujours trois débats simultanés : on s'affronte, un, pour imposer sa version des faits ; deux, pour faire valoir ou dissimuler ses sentiments ; trois, pour défendre son identité. 

Nous avons choisi de vous présenter ces trois conversations souterraines à travers la dispute d'un jeune couple. Mais, quel que soit le sujet, quelle que soit l'implication affective des interlocuteurs, ce sont les mêmes erreurs qui mènent dans l'impasse, les mêmes attitudes qui permettent d'en sortir.
Démonstration.

La situation
Thomas et Laure passent la soirée chez des amis. Depuis peu, Laure essaie d'arrêter de fumer mais, portée par l'ambiance, elle allume cigarette sur cigarette. Jusqu'au moment où Thomas lui saisit le bras en disant : " Laure, tu ne devrais pas fumer celle-là ! " De retour chez eux, Laure est distante.
" Qu'est-ce que tu as ? lui demande Thomas.
— Rien, je suis fatiguée. "
Thomas attire Laure sur ses genoux : " Chérie, je vois bien que ça ne va pas. "
Laure échappe à son étreinte et explose : " Tu as toujours besoin de me traiter comme une gamine ! C'est comme tout à l'heure avec la cigarette. Tu m'as attrapé le bras comme si je faisais une bêtise.
— Mais tu m'as dit que tu essayais d'arrêter de fumer, alors j'ai voulu t'aider !
— C'est bien ce que je dis. Comme si je ne pouvais pas me débrouiller toute seule !
— Tu es ridicule de t'énerver. Je voulais juste t'aider.
— Je m'énerve parce que tu n'admets jamais tes erreurs. Tu as voulu m'humilier devant mes amis.
— Et toi, tu cherches toujours la bagarre. Si je t'avais laissée fumer, tu me l'aurais reproché aussi. "


Comment diable Thomas et Laure en sont-ils arrivés là ? Décodons.

1. La conversation "que s'est-il passé ?"
L'enjeu : qui a raison ?

Intéressons-nous au point de départ de leur dispute. Il s'agit du geste de Thomas lors de la soirée. Que signifiait-il ? Laure a son interprétation : " Tu me traites comme une gamine. " Thomas a la sienne : " J'ai voulu t'aider. "
La plupart des conversations difficiles s'engagent ainsi : on ressasse les faits pour établir ce qui s'est passé ou aurait dû se passer, ce que chacun a dit ou fait. L'enjeu, pour Thomas et Laure, est de parvenir à imposer chacun sa version des faits. C'est là que les ennuis commencent : leur conversation n'a rien d'un échange, c'est un combat pour avoir raison.

L'erreur : le cercle vicieux des accusations

Thomas et Laure commettent deux erreurs. Premièrement, ils sont chacun persuadés de détenir la vérité quant à ce qui s'est passé. Lorsqu'elle s'exclame : " C'est bien ce que je dis ! ", Laure dit en substance : " J'ai raison, tu as tort. "
Deuxièmement, ils sont convaincus de connaître les intentions de l'autre et partent du principe qu'elles sont mauvaises. En abusant du " tu ", ils ne s'écoutent pas, ils s'accusent. " Tu as toujours besoin de me traiter comme une gamine ", assène Laure sans vouloir écouter Thomas. Lui, n'a plus d'autre choix que de se défendre en attaquant à son tour : " Tu cherches toujours la bagarre. " C'est un cercle vicieux.

Sortir de l'impasse : le "système de contribution"

Le but du jeu n'est pas d'imposer son point de vue ni de désigner un coupable, mais de se comprendre pour parvenir à un accord. En d'autres termes, il ne s'agit plus, pour Thomas et Laure, de se comporter en adversaires mais en partenaires, en passant du système d'accusation : " Tu es coupable, ton point de vue est faux, tu dois changer ", à un système de contribution : " Nous sommes tous les deux responsables de la situation, voyons pourquoi nous n'avons pas le même point de vue. "

2. La conversation "sentiments"
L'enjeu : que faire de nos émotions ?

La dispute de Thomas et Laure s'accompagne d'émotions violentes dont ils ne savent que faire : colère, honte, tristesse, etc. Laure tente d'abord de les dissimuler : " Il n'y a rien, je suis fatiguée ", puis les exprime avec démesure, elle bondit, hausse le ton. Au fond, elle hésite entre plusieurs attitudes : doit-elle assumer ses émotions ou les dénier ? En parler ou les garder pour elle ? De son côté, Thomas se demande comment gérer les émotions de Laure : doit-il la consoler ou l'envoyer promener ?

L'erreur : les refouler

Les sentiments sont au cœur de toute conversation difficile, mais il est rare qu'ils soient verbalisés : soit on les croit hors sujet, soit on craint de paraître vulnérable en les exprimant. Quels que soient nos efforts pour les refouler, ils affectent notre comportement et ressurgissent sous une forme destructrice : sarcasmes, impatience, rancœur, etc. Regardez Laure : face à ses amis, elle a eu honte d'être reprise par Thomas. Plutôt que d'assumer ce sentiment : " J'ai eu honte ", elle s'en décharge sur lui : " Tu as voulu m'humilier. " Ce faisant, elle déplace le cœur du problème de ses émotions aux intentions de Thomas. C'est le malentendu assuré.

Sortir de l'impasse : les verbaliser sans juger

Le seul moyen d'éviter le malentendu est de réintégrer les émotions dans la conversation de façon constructive. Mieux vaut les verbaliser – dire " j'éprouve " – que les mettre en scène sans les assumer. Dans le premier cas, vous donnez à votre interlocuteur l'occasion de les comprendre. Dans le second, vous les lui faites subir, et il se mettra à l'abri. Pour aider l'autre à gérer ses propres émotions, abstenez-vous de les juger. Dire : " Tu es ridicule de t'énerver ", ne fera que décupler sa rage. Si, au contraire, vous l'interrogez – " Aide-moi à comprendre pourquoi tu es en colère " –, vous l'aiderez à s'apaiser.

3. La conversation "identité"
L'enjeu : à quelle image de moi suis-je confronté(e) ?

Cette dispute comporte aussi un enjeu identitaire : Laure ne veut pas passer pour une gamine, Thomas ne veut pas passer pour un sadique. Implicitement, ils interrogent chacun leur image : suis-je digne d'être aimé ? Tous deux redoutent de perdre l'estime de leur entourage, mais surtout de perdre l'estime d'eux-mêmes.


L'erreur : le "syndrome du tout ou rien"

La réaction de l'autre nous amène à nous remettre en cause : Laure s'est-elle comportée comme une gamine ? Thomas a-t-il cherché à l'humilier ? Toute la difficulté consiste à gérer cette réaction sans tomber dans le " syndrome du tout ou rien " : soit, pour ne pas perdre la face, nous rejetons totalement le jugement de l'autre et faisons preuve de mauvaise foi ; soit, par manque de confiance en nous, nous y adhérons sans nuance et tombons dans l'autodépréciation.

Sortir de l'impasse : endosser sa part de responsabilité

Thomas et Laure peuvent reconnaître leurs défauts sans perdre la face : " C'est vrai, j'ai manqué de volonté en fumant " ; " En te reprenant en public, j'ai voulu me mettre en valeur. " Le courage avec lequel chacun endosse sa part de responsabilité devrait inciter l'autre à la même franchise. Chacun peut en outre cesser de ne voir en l'autre que ses défauts – " Tu n'admets jamais tes erreurs ", " Tu cherches toujours la bagarre " – et lui reconnaître la capacité de changer. Ce n'est qu'ainsi qu'ils pourront, ensemble, dépasser leurs difficultés.
Conscients des véritables enjeux de leur dispute et des erreurs à éviter, Thomas et Laure ont changé d'attitude : curieux l'un de l'autre, ils tentent de parler, chacun en son nom, de leurs émotions et de leurs faiblesses. A présent, ils peuvent envisager une solution qui leur semble juste à tous les deux.
Laure : " Quand tu as retenu mon bras devant mes amis, j'ai eu peur de passer pour une gamine. "
Thomas : " Je voulais juste t'aider à ne pas fumer. Je suis désolé que cela t'ait humiliée. Comment pourrais-je te soutenir sans t'embarrasser ? "
Laure : " Tu pourrais par exemple me le dire à l'oreille… "

CONSEILS :

Tournez sept fois la langue dans votre bouche…
Avant d'affronter une conversation difficile, posez-vous ces questions en toute honnêteté, recommandent les coaches :


1) Quelle est ma version du problème ? Quelle est celle de mon interlocuteur ?

2) Quelles sont mes intentions ? Quel impact peuvent-elles avoir sur lui ?

3) Que sais-je de ses intentions ? Les a-t-il formulées ? S'agit-il d'hypothèses de ma part ?

4) En quoi ai-je contribué au problème ? En quoi y a-t-il contribué ?

5) Quels sont mes sentiments ? Mon interlocuteur en est-il responsable ? Déforme-t-il mon jugement ?

6) En quoi mon amour-propre est-il affecté par notre conflit ? Quelle part de vérité y a-t-il dans les reproches que l'on m'adresse ?

7) Quelles solutions équitables pouvons-nous envisager ?




Aimer
La communication homme / femme, source de malentendus
 
Les couples se heurtent à une difficulté de taille : hommes et femmes n'utilisent pas le même langage. Traduction.

Un homme et une femme n'ont ni la même conception de l'amour, ni le même code comportemental ou linguistique pour l'exprimer. Les dissemblances sont si fortes que, dans "Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus"(1), le psychothérapeute John Gray n'hésite pas à les comparer à des êtres débarqués de deux planètes différentes : Mars pour les hommes, qui importent dans la sphère affective les valeurs de l'action, du pouvoir, de la compétence ; Vénus pour les femmes, qui privilégient l'expression des émotions, l'harmonie des échanges, la créativité. Jusque-là, rien de nouveau. Mais si ce thérapeute est devenu un phénomène aux Etats-Unis (8 millions d'exemplaires de son best-seller vendus), c'est qu'il a le génie d'expliquer simplement ce qui nous semble si compliqué à saisir chez l'autre. Ce mystère de l'autre que le psychanalyste Darian Leader évoque également, dans "A quoi penses-tu ?" (2).. Certes, ses pistes comportementales ne constituent pas la garantie de réussir parfaitement sa relation de couple, mais il paraît évident que, sans elles, on est assuré de la rater. La communication dans le couple est source de malentendus. 

D'où l'intérêt de cesser de projeter sur l'autre son propre mode de fonctionnement en pensant qu'il va nous aimer comme on l'aime et nous le montrer comme on le lui montre, et de développer certaines des compétences relationnelles que ce fin limier nous propose. Pour vous aider dans cette vaste entreprise, voici un relevé des zones d'incompréhension du couple et quelques indications pour les traverser sans trop de dégâts. 

1- Michel Lafon.
2- Odile Jacob
 

Elle parle tout le temps, il se tait 
Une femme qui parle pense souvent à voix haute, laissant s'exprimer ses idées de l'instant, ce qui donne à ses propos une certaine fluidité, mais aussi une valeur provisoire qui déstabilise son compagnon (" Pourquoi change-t-elle si souvent d'avis ? "). Lui, se tait souvent. Ce qu'elle interprète comme une marque de désintérêt pour elle. Pour éviter les tensions, l'un doit prendre conscience que la parole féminine n'est pas du bavardage, mais une façon d'accoucher de sa pensée ; l'autre, que le silence masculin n'est pas consécutif à du mépris, mais à un besoin de réflexion, qui nécessite un certain temps. Elle peut donc respecter cette pause psychologique (au lieu de l'assaillir de " hein ? ", " alors ? ", " qu'est-ce que tu en penses ? ").
 
Il l'informe sur des faits, elle évoque ses sentiments 
Une femme exprime volontiers son ressenti face aux événements de la vie ; un homme s'attache plutôt à transmettre des informations " objectives " sur des faits. Elle use et abuse des superlatifs, des métaphores, des généralisations, et même d'une forme de licence poétique ; lui, cherche le mot juste et prend ce que dit l'autre au sens littéral. Un exemple type susceptible de dégénérer en dispute. " Personne ne se préoccupe de moi " signifie, en langage féminin : " Je me sens seule " ; mais lui répond : " Ce n'est pas vrai, tu as des gens autour de toi. " La plupart des heurts entre conjoints sont ainsi liés à un malentendu sémantique. Pour se faire comprendre, elle doit donc s'habituer à utiliser un vocabulaire plus précis et plus approprié. Lui, éviter de tout prendre au premier degré et partir du principe qu'il faut lire entre les lignes.
 

Elle a besoin d'être écoutée, il donne des conseils 
Pour évacuer le stress, une femme a besoin d'une écoute attentive, et qu'on reconnaisse la légitimité de ses émotions. Or l'homme voudrait être le héros de sa compagne, celui qui la sauve de tous ses ennuis ! Aussi l'interrompt-il par des remarques visant à minimiser ce qu'elle ressent (" Ce n'est pas grave ") ou des solutions miracles censées montrer son aptitude à la rendre heureuse. Elle a donc intérêt à prendre ses précautions avant de se confier – " Veux-tu m'écouter sans m'interrompre ? " – en spécifiant bien qu'elle n'attend de lui aucune solution, que son écoute constitue déjà une aide. Et lui doit apprendre à l'écouter jusqu'au bout, en s'interdisant de lui donner la clé de ses soucis et en essayant de comprendre vraiment ce qu'elle cherche à exprimer.
 
Il ne répond qu'aux demandes clairement formulées, elle aimerait qu'il devine ses attentes 
Pour une femme, ne pas avoir à demander est l'une des définitions de l'amour. Parce qu'elle ressent intuitivement les besoins des autres et leur donne tout ce qu'elle peut, elle croit à tort qu'il peut faire de même. Pour un homme, au contraire, proposer son aide sans être sollicité est outrageant : cela signifie qu'il doute de ses compétences. De plus, elle croit souvent demander, alors qu'elle s'est contentée d'exposer son problème (" J'ai beaucoup de travail ") ou de faire un constat (" Les courses sont dans la voiture "). Pour qu'il réponde à ses attentes, elle doit apprendre à les formuler de façon claire. Eviter, par exemple : " Peux-tu accompagner les enfants ? ", ce qui signifie, littéralement : " En as-tu la capacité physique ? " " Veux-tu accompagner les enfants ? " est plus efficace. Et qu'elle lui fasse grâce des raisons pour lesquelles il devrait l'aider, cela lui donnerait l'impression qu'elle doutait de son assentiment...
 
Elle éprouve le besoin de descendre en elle-même ; il veut tout de suite la faire remonter 
La femme est comme une vague : son moral monte et descend de façon cyclique. Quand il monte, elle a envie de donner de l'amour ; quand il descend, elle ne se sent capable que d'en recevoir. Arrivée au creux de la vague, elle fait le ménage dans ses émotions. C'est un phénomène naturel qui n'a rien à voir avec ses sentiments pour son compagnon, mais ce dernier l'attribue à une sorte de panne d'amour. Il cherche donc à la " réparer ", c'est-à-dire à la faire remonter à toute force. Sauf que sa femme n'y parvient que si elle a d'abord touché le fond. Par conséquent, l'homme devrait, au contraire, l'aider à descendre le plus vite possible, en l'écoutant, tout simplement.
 
Il veut être accepté tel qu'il est, elle cherche à le faire progresser 
Elle essaie sans cesse de faire progresser son compagnon et son couple. Lui ne se sent aimé que quand il est accepté tel qu'il est et il considère qu'un couple, ça marche ou ça ne marche pas. Du coup, quand elle dit : " On devrait sortir plus souvent ", ça signifie : " J'aimerais qu'on fasse quelque chose ensemble " (c'est une attention) ; lui traduit : " Tu es trop casanier " (c'est une remise en question). La solution : exprimer son désaccord éventuel sur son comportement sans le désapprouver en tant que personne, en utilisant la première personne du singulier : " J'aimerais que tu... ", et non : " Tu devrais... ". Et en le considérant comme un pourvoyeur de solutions plutôt que comme une source du problème. De son côté, l'homme doit comprendre que, quand sa femme n'aime pas ce qu'il fait, cela ne veut pas dire qu'elle ne l'aime pas.
 

Elle lui dit "je t'aime ", il répond "moi aussi" ; il dit "je t'aime", elle répond "pourquoi ?
Ce qui fascine l'homme, c'est l'objet du désir ; la femme, elle, s'intéresse davantage au désir lui-même. C'est qu'elle a, plus que lui, besoin de ce désir pour se sentir exister. Selon Freud, la petite fille éprouve une grande difficulté à trouver son identité en l'absence de signe distinctif comme le pénis des petits garçons ou les attributs féminins de sa maman. Ce qui la rend, plus tard, dépendante du désir masculin. Or celui-ci, s'inscrivant souvent dans l'instabilité (on dit l'homme polygame par nature), ne lui donne jamais une réponse suffisante. Ce qui fait qu'elle reposera sans cesse la question : " Est-ce que tu m'aimes ? ", et voudra savoir pourquoi. Au lieu de s'agacer devant ces doutes et ce questionnement insatiables, un compagnon aimant peut essayer de la rassurer en lui montrant qu'elle est aimée pour sa différence. 

A présent qu'on dispose des clés, on pourrait croire qu'il suffit de s'en servir pour ouvrir toutes grandes les portes de la communication entre les sexes. C'est compter sans la complexité de l'âme humaine, c'est-à-dire, en gros, sans notre inconscient. Car se montrer ouvert, conciliant, prêt à œuvrer pour le bien de sa vie de couple, n'est-ce pas, pour certains hommes, se féminiser ? Et se dévoiler tout à fait, n'est-ce pas, dans l'esprit d'une femme, risquer de perdre une part de son charme, de sa mystérieuse féminité ? Une crainte dictée par la peur d'être abandonnée.

Il semble donc que, tant que l'homme ne s'est pas réconcilié avec sa part féminine, et la femme avec sa part masculine, l'un et l'autre restent dominés par ces zones d'ombre qui ont aussi pour fonction de préserver l'altérité du partenaire. Car le comprendre totalement reviendrait à s'approprier sa différence et donc, d'une certaine façon, à la nier. Soyons donc réalistes et partons du principe que " accepter de ne pas tout comprendre de son partenaire, de ses pensées intimes, c'est déjà, paradoxalement, faire un premier pas vers lui ", comme l'explique Darian Leader. D'autant que cette part irréductible d'incompréhension présente aussi l'avantage d'entretenir la dimension du manque qui nourrit le désir. Et l'envie de poursuivre la relation pour espérer percer, un jour, ce mystère de l'autre.
 
TEMOIGNAGES 
Jérôme 30 ans "Je voulais me protéger"
" Un jour, je lui ai dit, comme aux autres : "Surtout, ne t'attache pas à moi." C'était pour me protéger. Et pour la protéger, elle, car je me savais plutôt infidèle. Elle a pris mes propos à la lettre... Mais moi, je suis tombé profondément amoureux. Cela a été ma plus grande erreur. J'en souffre encore. Maintenant, je sais que les femmes ne sont pas toutes pareilles, que chacune entend ce qu'on lui dit à partir de ce qu'elle est. "

Hélène35 ans "Il partage ma vie, il ne la remplace pas"
" Je ne passe plus mon temps à me demander s'il apprécie ce que je suis, ce que je dis, mes amies. Je vis ma vie. Je m'enrichis. Et je reviens à lui remplie de belles histoires, d'idées nouvelles, d'envies qui le surprennent. Il partage ma vie, il ne la remplace pas. "

Jacques 38 ans "J'aime sa différence"
" L'amour m'a appris qu'on pouvait vivre avec une personne très différente de soi. Les contraires s'attirent, dit-on. Mon épouse est très déterminée, elle sait se faire respecter. Moi, je suis plutôt hésitant, doux, accommodant. Je suis très heureux de l'avoir rencontrée : elle m'apporte, m'apprend l'assurance qui me manque. "

Nadine 40 ans "Et si on traversait le désert ?"
" Mon truc, c'est le projet. Quand je sens que la relation devient flottante, je vais piocher dans mes envies, réalisables ou pas. Et si on repeignait l'appartement ? Et si on traversait le désert ? Je sors les cartes, on travaille les itinéraires... Même si on ne part jamais, pour nous c'est l'occasion de fantasmer, de révéler d'autres aspects de nous-mêmes. "
 
FILM a voir : 
La virilité n'est plus ce qu'elle était...
Lionel est un séducteur. Alain le met au défi de séduire Claire, une très jolie jeune femme, de passer une nuit avec elle mais de ne jamais lui faire l'amour... "Petits Désordres amoureux", le film d'Olivier Péray, bouscule avec bonne humeur quelques idées reçues sur la virilité, en montrant qu'un homme peut être fragile, tendre et vulnérable, et rester un homme. 
Avec Bruno Putzulu, Vincent Elbaz et Smadi Wolfman.
 




26/11/2008
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