Tai-chi : ma première leçon
Tai-chi : ma première leçon |
A force de persévérance, cet art martial favorise souplesse et concentration, élimine le stress et fait circuler l'énergie. Mais que ressent vraiment le débutant ? Témoignage recueilli sur Psychologie.com. |
Reportage: |
Je me sentais un peu rouillée, un peu tendue… Pas vraiment en manque d'exercice : je nage régulièrement. Ce qui me manquait plutôt, c'était un contact avec la nature. Pas envie de m'engouffrer dans une salle de sport pour enchaîner furieusement cinquante abdos fessiers. Besoin de lumière, d'un grand bol d'air, de sentir mon corps se détendre, mon esprit s'apaiser. Depuis peu, une tendinite au genou m'empêche de courir dans les jardins publics. Alors je marche pour recharger mes batteries. Au détour d'une allée, je les ai vues. Formes lentes emportées par la chorégraphie millénaire de la gymnastique chinoise. J'ai observé, fascinée. Leurs gestes à la fois coulants et puissants, leurs yeux fermés, leur concentration. J'ai eu envie d'essayer.Un coup de fil à la Fédération de tai-chi-chuan, et je trouve mon bonheur. Au petit matin, rendez-vous est pris dans les jardins de Bercy. L'air est frais, le soleil brille. Près du terrain où le cours a lieu, des canards s'ébrouent dans une mare bordée de roseaux. Plaisirs simples. Je souris.
Consciencieuse, je me place derrière le prof et j'essaie de reproduire ses mouvements. Je décris des cercles lents dans l'air, je déplace une jambe à droite, je reviens sur mon centre de gravité. Par-dessus mon épaule, je jette un coup d'œil pour voir ce que fait Jérôme. Flûte, je suis à l'envers, son bras droit est plus haut, ses jambes plus fléchies ! « Ça va ? », demande-t-il gentiment. « Euh… je ne suis pas sûre. » « Ce n'est rien, m'encourage-t-il. N'essaie pas de faire exactement la même chose que moi, entre dans le mouvement à ton rythme. » Rassurée, je me laisse guider par les images poétiques distillées par Jérôme. « La grue blanche déploie ses ailes. » Je ferme les yeux, je m'envole. Je fais « le serpent qui rampe », je « chevauche le tigre ». Mes mains enserrant un nuage, je « sépare la terre et le ciel ».
Fin du cours. Une heure de bonheur. Mes gestes étaient maladroits, mal coordonnés. Mais dans ma tête, une petite porte s'est ouverte, par laquelle j'ai entrevu un vaste continent, au-delà de mes capacités actuelles. Déjà, je me sens l'âme d'un explorateur guettant les vents du qi pour atteindre l'inconnu.
HISTOIRE :
Le Jeu des cinq animaux
Il y a 1 700 ans, un médecin chinois, Hua-To, conçoit un système de combat appelé le Jeu des cinq animaux. Il pensait que l'imitation du tigre, du cerf, de l'ours, du singe ou de la grue pouvait améliorer les capacités physiques de l'homme. Vers 520, le moine Ta-Mo (Boddhidarma, maître bouddhiste à l'origine du zen en Chine), en résidence au temple de Shaolin, trouve les moines trop faibles pour suivre son enseignement. Il ajoute alors ce jeu d'exercices physiques à la méditation quotidienne. Un art martial était né.
L'EQUILIBRE :
Une discipline de vie
Le tai-chi-chuan (« la boxe de l'ombre ») est un art martial basé sur l'équilibre entre force et faiblesse, fermeté et souplesse. Pour la médecine chinoise, c'est également une technique de longévité. A long terme, en favorisant la circulation harmonieuse du « souffle » ou « énergie vitale » (le qi) et en travaillant en profondeur sur les articulations, le tai-chi entretient la souplesse du corps, stimule le fonctionnement des organes vitaux (meilleure digestion, circulation) et retarde les effets du vieillissement.
ADRESSE :
En plein air ou en salles : Fédération de tai-chi-chuan et de chi gong (FTCCCG), 17, rue du Louvre, 75001 Paris.
T. : 01.40.26.95.50.
Internet : www.fed-taichichuan.asso.fr